Sans voix (ou presque).

De retour de l’agitation parisienne.

Aloïse Sauvage chantait “Aphone à force d’être à fond” et ces mots décrivent plutôt bien l’état dans lequel je me trouve actuellement. Après dix jours dans la capitale, j’en reviens sans voix, littéralement.

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Donner le la.

Entre les confinements, les couvre-feux et la torpeur de l’été, je n’ai pas eu l’occasion de sentir le rythme effréné de Paris depuis bien longtemps. La logique guerrière qui se met en place dès les premiers pas dans la gare… Je me bats pour avoir le droit de passer, pour ne pas me faire doubler lorsque j’achète un ticket de métro. J’ignore le regard salace de l’homme à ma droite, contourne ce groupe qui cherche son chemin sur ma gauche. Loin de se limiter au milieu ferroviaire, cette lutte est partout dans la ville. On combat pour exister. Partout le monde, partout la foule. Petit à petit, les vieux réflexes reviennent. Mon corps se souvient de la carapace qu’il avait construite. Certes, les années l’ont élimée, mais elle existe toujours quelque part en moi, dans le grenier des costumes de ma vie. Je la sors de sa housse, essuie la poussière et la revêt à nouveau, avec une pointe d’amertume. Elle est lourde. Elle me serre. La porter me demande une énergie folle. Et pourtant, c’est la seule manière de survivre dans ce territoire hostile, où les stimuli sont omniprésents et énergivores. Alors, j’y vais et j’affronte.

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Accorder mes violons.

Au champ de batailles de la rue, je préfère la douceur des retrouvailles avec mes proches. L’amour et le soutien qu’iels m’offrent n’a pas de prix. Surtout dans cette période où je vais devoir promouvoir mon livre. Je crois que ce qui me touche le plus, c’est leur fierté. Si d’autres personnes sont capables d’être fières de moi, il n’y a pas de raison que je ne le sois pas. C’est loin d’être aussi simple. Exposer dix mois de travail me fait me sentir très vulnérable.

Et pourtant, il est temps. Voici venu le temps de parler de L’art du podcast. Cela passe tout d’abord par une rencontre – dédicace dans la librairie Eyrolles. Eh bien je peux vous dire que c’est très intimidant de se retrouver de l’autre côté. J’ai eu très peur que personne ne vienne, que personne ne soit intéressé. Finalement, cela n’a pas été le cas et mon ego a été rassuré par cette soirée assez surréaliste. C’est aussi très gratifiant d’avoir un retour direct sur le fruit de mon travail. J’observe les gens feuilleter les pages de cet enfant qui ne m’appartient plus. Je les imagine en train de corner les pages, d’annoter des paragraphes, de nettoyer les gouttes de café ou les miettes de gâteaux… Il n’est plus à moi. Il est à vous maintenant. Je n’ai plus le contrôle et désormais, son contenu est évalué, comparé, critiqué comme toutes les sorties de cette rentrée littéraire. Rares sont celleux qui ont conscience des heures, des pleurs, des doutes, des insomnies, des cris, des rires, de la joie et de l’excitation que cachent ces pages…

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En fanfare.

À la promotion pure et dure, s’ajoute l’arrivée du festival du Podcast. Quatre jours à parcourir la Gaîté lyrique, à tâcher de reconnaître un·e tel·le avec son masque, de remettre un prénom sur un visage, parfois une voix. Après des longs mois d’écriture solitaires, ce bain de foule me chamboule. Je suis ravie des rencontres et retrouvailles, tout en me sentant mal à l’aise dans cette mise en scène. Trouver l’équilibre. Sortir prendre l’air. Respirer. Rassembler ses esprits. Répondre. Écouter. Sourire. Écrire un message. Regarder l’heure. Courir à une conférence. Prendre des notes. Remercier. Avoir une opinion à partager à chaud, vite, pour exister. Et puis, il y a les rires, les partages d’expériences et de galères du quotidien qui font du bien.

Ce que je retiens de ce festival, c’est une vraie prise de conscience de la nécessité de nous unir en tant qu’indépendant·e·s. J’ai découvert l’équipe de La Clameur et j’aime cette dynamique collective, d’autant plus importante quand on connaît les conditions de travail dans le milieu du podcast. Nos voix méritent d’être portée plus haut et plus fort.

Quelques recos

La musique : “Dusty” de Sam Paganini, pour affronter les rues parisiennes avec panache.
Le podcast
 : “Nos corps sociaux”, de Clémence Allezard. Une expérience auditive de qualité autour de la notion de corps et des histoires que ces derniers racontent de nos vies et de notre société.
La série : La saison 2 du documentaire d’Océan, où Océan poursuit son exploration de la transidentité au travers de rencontres avec des profils passionnants et rarement représentés dans les médias.
L’article : Pour Médiapart, la journaliste Khedidja Zerouali publie le premier volet d’une enquête sur les conditions de travail dans le milieu du podcast en France “Anxiété et burn-out, les travailleuses du podcast peinent à faire respecter leurs droits’“.

À très vite,

Noémie.